vendredi 10 février 2012

Disposer de son corps / la contraception ! ( Années 1960 à 1967 )


La sexualité devient de moins en moins taboue, plus libre à partir des années 60. Ce changement est dû à la religion qui influence beaucoup moins les familles et les comportements, ainsi qu'à la génération issue du Babyboom qui voit la vie différemment et à des moyens de contraception qui se développent de plus en plus. 
 Mettez du fun entre vos jambes !”

Les filles disent OUI aux garçons qui disent NON”

Ces deux spots publicitaires datant des années 60 montrent une sexualité féminine qui commence à se libérer. On leur reconnaît un droit à la sexualité.

La pilule, notamment, a été une véritable révolution pour la sexualité des femmes. Elle a été mise en vente en 1960 sur le marché américain.Elle eut un tel succès qu'elle s'imposa très vite auprès des classes moyennes, mais plus lentement dans les classes sociales les moins favorisées en raison du coût. En France, les femmes sont toujours soumises à la loi de 1920 qui interdit l'avortement et toute contraception. Les femmes ont donc souvent recourt à l'avortement clandestin qui n'est pas sans danger et fait de nombreuses victimes.. Toutefois, des voix se font entendre comme celle de Simone de Beauvoir qui publie en 1949 Le Deuxième Sexe, un livre dans lequel elle revendique le droit des femmes à disposer de leur propre corps. Ce livre, trop en avance au niveau des idées pour l'époque, sera d'abord dénigré mais fera par la suite lentement son chemin dans les esprits.. 

Une autre femme, la gynécologue Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé, suite à une visite des cliniques de contrôles des naissances aux États Unis en 1947, eut l'idée de créer une association parce qu'elle ne supportait plus de voir les drames provoqués par ces avortements illégaux.. Ainsi,  elle créera en mars 1956  « La Maternité Heureuse ».Cette association dont le but officiel était de « promouvoir la santé des femmes », aidait les femmes à maîtriser les naissances : information sur les méthodes contraceptives, adresses de médecins formés, commandes de contraceptif à l’étranger,.. 

 En 1960, la Maternité Heureuse devient le « Mouvement Français pour le Planning Familial ». Ces centres continueront leurs activités contraires à la loi jusqu'en 1967, année de légalisation de la contraception en France. Cette loi est adoptée ( après onze rejets de propositions de loi successives en dix ans ) grâce au député Lucien Neuwirth et à des années de combat des mouvements féministes, et autorise tout contraceptif sous stricte contrôle médical, et sous autorisation parentale pour les mineurs. La publicité restera néanmoins très restreinte sur le sujet. Cette légalisation a pour conséquence un véritable changement dans la sexualité, notamment celle des jeunes issus du Babyboom. Elle change, se débride : on peut maintenant avoir une relation sexuelle sans aboutir à une naissance, à des responsabilités.. Les femmes se dévoilent et osent de plus en plus montrer leur corps, avec l'exemple de la mini jupe, à la radio, dans les magazines féminins. On parle plus librement des relations hommes/femmes. Des mouvements très libérés tels que les hippies apparaissent et prônent des slogans comme « Faites l'amour pas la guerre » ou encore « Jouissons sans entrave »..

 En bref, la contraception libère. Les jeunes développent une vision de l'amour et de l'acte sexuel différente de celle des anciennes générations. Il faudra tout de même attendre fin 1974 pour que la ministre de la santé Simone Veil lève l'autorisation parentale et fasse rembourser les contraceptifs par la sécurité sociale. Malgré tout ces progrès, la bataille pour l'avortement continue car cette pratique est toujours interdite..





Nous n'avons pas pu trouver de publicités montrant une femme libérée sexuellement grâce à la contraception, car la médiatisation de celle-ci, à cette époque, n'est pas vraiment tolérée du fait qu'il existe encore des désaccords sur le sujet, notamment chez les médecins et les Hommes d’Église.




Cependant, nous avons trouvé une émission datant de 1972 qui montre et explique les réactions des femmes face à l'utilisation de la pilule.Dans ce reportage la plupart des femmes sont réticentes face à ce tout nouveau moyen qui est pourtant révolutionnaire et leur permettrait de dissocier leur féminité de la maternité. Ces avis négatifs s'expliquent de plusieurs manières: d'une part par la pression et la réticence exercées par le corps médical à la prescrire, et à la religion à la « diaboliser ».D'autre part, les femmes, mal informées sur ce moyen de contraception, sont perplexes et entendent beaucoup de rumeurs disant de la pilule qu'elle a des effets nocifs sur la santé. Or, les effets secondaires  existants sont réellement minimes et sont souvent dûs à une prescription trop rapide de la pilule comme l'explique la femme de ce reportage. Enfin, ces attitudes peuvent aussi s'expliquer sociologiquement : les femmes ont peur de ne pas employer les mêmes moyens que leur mère, et se retrouvent donc perdues dans ces changements soudains, différents de ce qu'elles ont appris plus jeune par le biais de leur mère.





"Tôt ou tard votre femme conduira. Une des meilleures raisons pour avoir une Volksvagen" : 1964

A travers son slogan, cette pub reconnaît implicitement une émancipation de la femme puisqu'elle emploie le terme '' tôt ou tard votre femme conduira'' mais montre une certaine réticence des hommes face aux progrès de la condition féminine. En effet, encore une fois, le  " tôt ou tard '' montre que cette progression est malheureusement irréversible pour les hommes. On remarque également la dévalorisation des capacités de la femme à conduire car la publicité vante la facilité d'utilisation de cette voiture, sous entendant le fameux préjugé «  femme au volant = accident ».

Malgré des évolutions incontestables sur la condition féminine, encore une fois, la femme dans ce slogan publicitaire apparaît inférieure à l'homme. Cette publicité met en avant sa toute nouvelle Volkswagen facile à conduire, et sous entend que même une femme peut l'utiliser.


                                                                 Rosy , mars 1967



Cette "femme à la rose" est une idée de Jean Feldman, jeune directeur artistique chez Publicis.
Elle est la première vidéo publicitaire à montrer une femme en sous-vêtements aux français. Ceci fait d'elle une pub en avance sur son temps étant donné que la réelle émancipation de la femme débutera à partir de '' la révolution des mœurs de mai 68 ''
Ce symbole de la nudité esthétique et décomplexée permet à la marque Rosy d'investir les codes de la séduction.

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